La Fin du poème
extrait de L'Accent grave et l'accent aigu
Jean Tardieu

 

C’est la fin du poème 

Epaisseur et transparence, lumière et misère – les jeux sont faits

On avait commencé par la rime pour enfants

On avait cherché des ondes de choc dans d’autres rythmes

On avait gardé le silence, ensuite murmuré

On cherchait à se rapprocher du bruit que fait le coeur quand on s’endort ou du battement des portes quand le vent souffle

On croyait dire et on voulait se taire

Ou faire semblant de rire

On voulait surtout sortir de son corps, se répandre partout, grandir comme une ombre sur la montagne, sans se perdre, sans rien perdre

 

 

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