textes des ateliers de la médiathèque de Tournefeuille
octobre 2005/juin 2006
|
écriture à partir de photographies
Je me suis aprêtée pour ce beau jour : des souliers neufs, des perles, est-ce vraiment moi ? Un décor en trompe-l'oeil. Journée d'apparence, d'apparat. Et ce Louis qui est trop grand pour moi ! Voilà la réalité qui revient au galop : le feu, le froid, la puissance de la nature, et moi qui essaye de braver tout cela. Qui suis-je pour contrer tout cela ? Et pourtant je ressens de la fierté : sapeur Bravoure ! Je vais sauver toutes ces âmes perdues. Je suis un super héros. Les femmes d'aujourd'hui sont dans la vraie vie !
Je pose pour une photo. Pas envie de sourire. De faire beau. Toute cette tristesse qui ne demande qu'à sortir et personne pour la recueillir. Est-ce que je serai comme eux plus tard ? Absente à moi-même ? Je tiens le cercle de la vie entre mes mains. Il me protège des autres. Voyage, couleurs, odeurs. Je retrouve la vie ici posée dans l'attente de, dans le temps présent. Que de bruit, que d'agitation autour ! La vie est-elle dedans ou dehors ? Ou plutôt : comment mon être intérieur s'accorde-t-il avec ce lieu, cette modernité qui est là ? Mes racines : charrette et mobylette !
Nature paisible. Le calme après des années où la mer a attaqué la roche, a grignoté la montagne, creusé des cavités. Avant de se retirer, de se reposer. Je me promène sur ces chemins, je profite de tout son travail, de cette bataille qui a duré des siècles. Je profite du soleil. Je me délasse dans cette nature où les forces présentes ont trouvé leur équilibre, leur harmonie. L'eau me repose. Le silence me fait partager des vibrations sereines. On dirait que la roche a souffert de ces agressions. J'ai envie de la consoler.
Grande étendue d'eau et de verdure, grands lacs. Un instant de pause. Mais je sens là autour une grande agitation : cascades, chutes d'eau, écume contre les rochers. Les côtes seront meurtrières. Et ces jolies maisons posées là comme pour braver la force de la nature, belle endormie. Attention à ne pas lui faire croquer une pomme empoisonnée ! Un reste de muret. La nature reprend le dessus sur l'homme. Vent et forces sous-marines sont toujours là. Vert tendre, jaune orange, blanc et bleu : les couleurs me reposent la vue.
Je retrouve mon frère ! Je retrouve le sourire. Main dans la main je sens sa chaleur, je sens son épaule, sa présence. la vie est plus douce ainsi. Il est meiux habillé, il fait attention à lui, ça le rend plus beau, plus aimable, c'est sûr. Mais moi j'aime la boue, les blouses et le vent. Je laisse le soleil aux autres. J'aimerais tant pouvoir jouer et me salir. Plus tard je vivrai dans une roulotte et je découvrirai le monde !
Me revoilà après ce voyage. Tout ça derrière moi. Et devant ? Est-ce qu'il me laissera grandir ? Est-ce que ce lien qui maintenant nous unit saura nous aider à être plus forts, plus liés à nous-mêmes? Est-ce que je reconnais en cet autre qui est là une partie de moi-même que je vais faire fleurir ? Et les enfants ? Il voudra sûrement des enfants...
Je suis comme cette toile d'araignée, des fils me relient à tous les autres autour de moi. Toile salvatrice pour trouver sa place dans l'univers. Castratrice si elle m'enferme...
Anne-Laure
L'aîné tout en sérieux, un vague sourire ébauché, la main-mise sur le cadet, protecteur et garant des valeurs familiales. Le plus jeune des deux frères, espiègle et joueur, à deux doigts d'éclater de rire.
L'aîné est casé, jeune marié. Un mariage de raison qui ne provoque pas chez lui un bonheur rayonnant mais il a bien fallu qu'il se résigne à régulariser avant d'être appelé sous les drapeaux. La belle-famille a exigé. La guerre s'annonce, mieux vaut une veuve qu'une fille-mère.
Si la grande guerre a emporté un grand-père la famille continue à être généreuse. Le petit-fils saura faire don de soi, à l'épreuve du feu, en pompier dévoué.
Le temps n'est plus à la rigolade. le jeune orphelin découvre le chagriin. Il ne sait pas très bien qui a volé son père, il ressent juste son absence.
Deux jeunes orphelins, d'un autre pays, d'une autre époque, mais toujours cette détresse, ce manque. Chacun à chercher du regard un réconfort, un peu de chaleur.
La vie des hommes passe et le fleuve continue inexorable à couler. Il a patiemment érodé ses berges. La falaise calcaire offre aux promeneurs un sentier de tout repos.
Battue par les vents la terre d'Irlande se fait rude aux touristes. Sur ses rivages ne résideront que ceux qui auront beaucoup appris de la vie.
C'était le temps de l'innocence, où les soucis n'allaient pas jusqu'au lendemain. Il n'était pas encore question d'Irlande. Il suffisait de tenir ferme la main d'un frère aimé.
Alain
réécriture à partir des fragments
Nature paisible
Grande étendue d'eau et de verdure
Je me promène sur ce chemin
Un instant de pause
Mais je sens là autour une grande agitation
La mer a attqué le roc. Colère, vent et forces sous-marines sont toujours là.
Le feu, le froid
Et moi qui essaye de braver tout cela !
Je vais sauver toutes ces âmes perdues
De cette bataille qui a duré des siècles
Je retrouve mon frère, sa présence
Je retrouve le sourire
Voyage, couleurs, perles
La vie est plus douce ainsi
Je tiens le cercle de la vie entre mes mains.
Anne-Laure
L'aîné, confit en sérieux, ébauche un vague sourire. La main-mise sur son cadet, il s'impose en protecteur et garant des valeurs familiales. Le plus jeune des deux frères, espiègle et joueur, à deux doigts d'éclater de rire vit son temps d'innocence. Ses maigres soucis ne portent pas plus loin que le lendemain.
L'aîné, trop tôt mûri, vite marié. Un mariage de raison conclu à la hâte, le ventre rond de la jeune pousée n'en pouvant plus d'attendre. La guerre s'annonce et Louis appelé sous les drapeaux s'en ira au front, c'est à craindre. Pour la famille mieux vaut une jeune veuve pour élever le futur orphelin qu'une fille-mère...
Alain
Sous un soleil de plomb ils attendaient. Depuis le petit matin ils étaient là, indifférents aux bruits, à la pollution, à l'agitation tout autour d'eux. Ils regardaient. Guettant. Ils n'avaient pas échangé un seul mot depuis leur arrivée tôt ce jour-là.
Ils avaient poussé leur étal jusqu'au croisement, comme la veille et les jours d'avant. Ils attendaient.
Parfois l'un d'eux souriait au spectacle de la rue, au passage d'un chanteur ambulant. Parfois le plus jeune écrasait discrètement une larme car le temps lui semblait suspendu. Il lui revenait alors le souvenir d'une rivière calme où ils se jetaient en poussant de grands cris, d'une forêt dense et sombre dans laquelle ils se perdaient pour mieux se retrouver. Mais là, au milieu de la foule indifférente, pas d'abri, pas de jeu, pas d'eau calme. Juste le temps de l'interminable attente.
Il mit la main au fond de sa poche et en retira son talisman tout froissé et pâli. On distinguait à peine deux visages d'enfants souriants et fiers dans d'étanges habits. Il avait trouvé cette photographie dans un caniveau, un soir, au milieu d'autres vieux papiers, et c'était comme un signe : ces deux gamins inconnus qui souriaient aux deux gamins sales et efflanqués. Son frère se moquait souvent de lui quand il le voyait regardant ce "souvenir" qui ne lui appartenait pas. Cela meublait l'insupportable attente.
Bientôt midi et toujours personne. Il s'endormit et rêva. Mais de ses rêves, il ne s'en rappela pas. A son réveil, indifférent au soleil de plomb, au bruit et à toute l'agitation, il attendait toujours.
Il avait même oublié ce qu'ils étaient venus attendre. Toute cette indifférence, cette cacophonie et ce temps perdu avaient raison de sa mémoire. Mais au fond il s'en moquait. Il se demandait juste ce qu'il ferait demain. Il attendrait.
Anne
|
abécédaire autobiographique
Ame, quand il ne reste plus rien, ce que l'on a laissé, germe d'amour, de mémoire, transmis aux autres comme un message à déchiffrer
Big-bang, le début du début, l'après-néant, l'impulsion ultime. Y croire ou pas. Le début de l'histoire. La fin du rien.
Case, quatre murs simples, lisses, un toit de palme, une aventure pas plus grande qu'un homme. Un feu au milieu dont la fumée s'échappe.
Désert, immensité tranquille, absence de vie, ou plutôt absence de signes de vie. A perte de vue le sable, le roc, la terre ou la glace.
Etincelle, un petit rien brillant, luisant, qui permet tout. Un espoir de feu, de vie, d'amour ou de mort
Fragile. Ecrit sur le carton de porcelaine, chuchoté devant le tout petit prématuré, asséné à l'adolescent émotif.
Hésitation, oui ou non, aujourd'hui ou demain, bleu ou rose, avec ou sans, lire ou écrire, jamais ou toujours, par ici ou par là.
Ile, au milieu de l'eau, une Terre improbable, un abri, un asile, mais aussi une prison, une solitude, un labyrinthe.
Jaillies du coeur de la roche en un lieu improbable, les quelques gouttes qui feront l'océan...
Lire, déchiffre les points, les lignes, les symboles pour découvrir un sens, une histoire, un destin, un ordre, un désordre.
Moi, l'assemblage de ce que je suis, ce que je voudrais être, ce que vous croyez que je suis, ce que je voudrais que vous croyiez que je suis.
Néant, nuit sombre, infinie, énigmatique, sans début, sans fin, sans parole, sans vie. Un oubli total.
Oubliette, au plus profond du château, un lieu sombre et humide où ta mémoire s'efface, où ton souvenir s'enterre.
Perdre ses clés ou sa vie, perdre de vue, tout perdre. petit acte insignifiant ou lourd de sens. En un court instant tout peut changer.
Revenir. D'abord il faut partir, découvrir, errer. Et puis comme une évidence, comme une obligation faire le chemin dans l'autre sens.
Tendresse : un geste, un regard suffisent pour l'exprimer. C'est le non-dit, l'évidence. Elle est là sans parole, source de réconfort.
Volcan, à première vue une montagne aride. Et puis soudain le chaos, fumées, laves, cendres, peur et désolation : le coeur du monde bat.
|
saturation de page
|
Ecrire in situ
Il est quinze heures moins cinq. Au coeur d'une ville de la périphérie toulousaine, à Tournefeuille. Le ciel est bleu, sans nuage. Mes yeux s'accrochent à cette immensité. Le temps est à la pause. Contemplation dolente sous ce premier parasol de soleil printanier.
Je suis assise sur un banc et, de la placette où je me trouve mes yeux maintenant s'attardent sur les façades des habitations. Le combat entre le vieux et le moderne palpite au son de marteau-piqueur. Camion, poussière, barrière de sécurité, sable, hommes en tee-shirts et casquettes, brouette. Tout un monde de travailleurs robustes s'affaire pour aménager la rue, comme un jeu d'enfants grandeur nature. De temps en temps l'oiseau-marteau arrête sa vocalise. Roulement des voitures, dring de l'entrée d'une pharmacie, le vrai "cui-cui" du centre ville où les arbres ont encore une place. Commerces au rez-de-chaussée, appartements sur deux étages, façades ocres, toits de tuiles neuves, fenêtres sans volets (quelle idiotie quand on pense à l'écrasante chaleur toulousaine en été !)... voilà pour le modernisme. Mais là une maison fière, une résistante, campée sur ses vieilles briques toulousaines, les portes peintes de bleu pastel. La rescapée semble préservée des constructeurs. Et l'église avec son fronton-clocher qui s'élance en accolade vers le ciel et s'éternise tout là-haut avec une simple croix de fer. Reviens alors en ma mémoire le souvenir de cette période de ma vie encore incertaine où j'étais étudiante en histoire de l'Art, à la fac du Mirail à Toulouse... Décrire l'édifice religieux comme un jour d'examen : péristyle, colonne dorique... Qui êtes-vous déjà ? Est-ce vous, là, devant moi ? Pourquoi m'avoir lâchée, mots si utiles, en de pareilles circonstances ? Les mots justes ne sont plus là, je ne sais plus où je les ai rangés, si je les ai même rangés ! Tant pis ! Je vous prononce, je vous nomme, au risque de me "trompéter". Les constructeurs de cette église, célèbres ou non, étaient des artisans au service de l'art. Je ressens leurs efforts, leur créativité. mais cela reste étouffé, enfermé dans mon ignorance. Seul le soleil tend ses projecteurs sur l'oeuvre.
De l'autre côté de la rue une ancienne maison bourgeoise au petit jardin ceint d'une clôture en ferronnerie noirs. De mon banc je ne vois que la façade. A l'étage, deux fenêtres de chaque côté d'une grande ouverture, porte-fenêtre encadrée de briques rouges. A l'intérieur, donne-t-elle sur un couloir ? Je rentre dans la maison... j'imagine une ambiance, des peintures, des couleurs, des gens, des sensations, des vies... Mon regard revient aux arbres de la placette où je suis assise, une placette formalisée par quatre bancs, répartis autour d'une carré de terre grise, mélange de gravier et de sable. Les passants la traversent régulièrement. Derrière trois des bancs, des arbres, marronniers, platanes... Leur feuillage ombre inégalement le lieu où j'écris. Le banc à ma gauche est à l'abri du soleil, celui où je me tiens est partiellement ombragé, ainsi que celui d'en face. Le quatrième, à ma droite, est exposé en pleine lumière. Pas d'arbre pour le protéger. A quoi peut-il servir ainsi ?
Des fleurs, consignées dans des abreuvoirs de pierre. Une poubelle, pleine à craquer. Un monsieur passe, il a chaud. Des dames passent en tee-shirt, avec un sac à dos. Une dame avec des lunettes de soleil. Une autre en jupe culotte et polo aux manches longues. Les voitures, fenêtres ouvertes. De couleur blanche, prune... Des 31. Immatriculations récentes souvent, quelque fois plus anciennes, en ZV. Des Citroën, des Renault, des Peugeot. Les gens ne savent pas s'habiller en ce moment. Elle porte un manteau, cette autre passe en robe. Un haut bleu, façon Lolita, un sac en bandoulière.
Il est quinze heures dix. Le bruit des travaux s'arrête. Les voitures continuent à rouler. Vert des arbres : vert sombre, vert prairie. Sur la pelouse, des pâquerettes. Les arbres encore. Je reconnais un peuplier. L'arrêt de bus, moderne, est souligné d'un trait rouge. Sur le panneau d'information de la ville il n'y a aucune information. Les bancs sont en bois. Le bois est en bon état. Elle passe avec un sac de fruits. Elle a mis des lunettes de soleil. Là-bas un couple se tient par la main.
Christine
|
Ecrire avec De l'inconvénient d'être né de Cioran
Ma grand-mère maternelle était comme une fée, réelle et fluette, parmi les fleurs de son jardin. Elle prenait soin de son frère avec lequel elle était très liée. Je sentis en cet après-midi de mon enfance qu'un événement très grave venait de se produire. Tonton-couché- souffrait d'une maladie incurable. Il venait de mourir. Je n'avais que sept ans. C'était un jour clair, le ciel était bleu, presque violet. Tout à coup je me trouvais seule devant la mort. Pour la première fois de ma jeune vie. Il n'était pas laid ce visage de mon grand-oncle, bien qu'il eût la couleur du lait. Devant ce corps frêle, avec ses habits du dimanche, j'étais confrontée au réel. Je ne savais que faire. Je me croyais dans la Vallée des rois devant un pharaon... Mais la "momie" portait un costume noir et vert, en lin. Ce fut une révélation. Et la vérité peut faire peur. Ce fut mon premier éveil, le premier indice, le signe avant-coureur de la fêlure. Je vivais une enfance claire, sans me faire de bile, sans être entravée, plutôt ravie de vivre. A partir de ce jour blanc j'ai quitté la rive sur une barque et suis partie, dans le flux et le reflux de ma vie. Avec de temps en temps le souvenir de ma grand-mère, comme un reflet, une fêlure au coeur. Alors j'ai besoin d'air. Errer dans les rues du réel. Et j'ai une douleur au ventre. Et je n'ai plus de nerfs.
Véronique
|
Ecrire avec L'Absence de Peter Handke
Déjà les banlieues innombrables oscillent au centre d'un profond balancemment incessant. Là c'est comme un dimanche après-midi sur les places vides où les feuilles bronze d'un platane jaune tigré (tige, fourche, tronc) contemplent les longues rues aux ombres lippues d'un bras bombé. Comme un mouvement d'un fin animal. La semence monte.
Par intervalle il y a quelqu'un au pied du branchage. Dans un café, couvé par un large ventilateur un pilote sort un seul son, un ronflement qui claquette par à-coups de boules.
Il y avait
pour regard le soleil profond, l'asphalte, les reflets de multiples creux, aux prises...
Anne
|
Ecrire à partir d'une bande dessinée (Juillard, extraite de Le Violon et l'archer-six dessinateurs au musée Ingres de Montauban)
J'entends le son des vieilles grilles. Plantée devant cette statue je dessine depuis combien de temps ? Je ne capte plus le monde extérieur. Je peux rester des heures devant un objet. Il devient alors sujet de mon émotion. Est-ce cela la contemplation? Et si je suis contemplative comment asssumer cette nature quand tout parle de vitesse, de rentabilité, de productivité ? Faut-il qu'une grave maladie vienne, tel un dernier averstissement, me rappeler que tout être doit arroser ses racines sous peine de mourir ?
Aujourd'hui le ciel est immensément bleu. Il a fait très chaud. Le musée du nom du célèbre peintre se situe dans un ancien palais épiscopl du 17ème siècle, lui-même construit sur l'emplacement du château du Prince Noir, au temps de l'occupation anglaise. Commencé en 1363 il resta au niveau du rez-de-chaussée en raison du retour des Français.
Dans la cour, une ombre s'est déposée discrètement sur les murs de briques aux figures géométriques, chauffées par les soleil du Midi, et sur les statues d'hommes et de femmes, vêtus détoffes aux plis immobiles.Tout est silencieux. Seul un oiseau déploie ses ailes dans l'immensité bleue du ciel. L'horloge ronde me ramène tout à coup à mon existence physique. Monsieur Tato, concierge et gardien du musée, vient de fermer les grilles. Il a dû m'avertir qu'il était l'heure mais, absorbée par mon motif j'ai squeezé son signal. A présent je ressens l'envie de bouger... Monsieur Tato me connaît : Katia, sa fille unique, travaille à Paris. Avec elle j'ai passé quelques années au collège, inoubliables. Quand j'ai appris que mon corps se remettait à crier devant l'envahisseur mortel, désemparée j'ai trouvé refuge chez Monsieur tato. La bienveillance d'un père séparé de sa fille... Et cette possibilité qu'il me donne de naviguer dans le musée en toute liberté...
Christine
|
Ecrire
Aller à l'écriture
Il y a urgence à vivre, voir, comprendre et laisser une trace. J'ai besoin d'encre et d'eau comme du flux sanguin pour circuler. Mort, souffrance, pensées obsédantes, autant de peurs qui sont le moteur de mon existence. Aller à la rencontre d'un rythme, comme une cohésion, une cohérence en soi. Trouver la musique, l'amour, partir en train à la rencontre de soi. La maladie a un sens. Elle me fait sortir de cette existence qui ne m'appartenait pas. Je veux libérer ce qui est en gestation. Créer. Chercher, analyser, accrocher et raccocher les liens. Il me faut maintenant me regarder en face, telle que je suis. Mais cette difficulté à assumer l'image dans le miroir... Nécessité de vie : rester dans la maison, dans le silence. Froid d'un cimetière ou d'un hôpital. tellement de noeuds à dénouer. Je me sens empêtrée. Comme un arbre qui n'aurait pas pu développer ses racines pour grandir. Comment ne pas perdre, se perdre soi, perdre sa famille pour construire cela ? Je cherche dans l'ailleurs, l'air, le paysage, le voyage. pour sortir de l'enfermement du doute. Pourquoi suis-je ici-bas ? Qu'ai-je à y faire ? Comment tenir la densité du mot dans la phrase ?
Christine
Sur la page blanche mon écriture trace des phrases. Mon stylo-plume se promène sur le papier. J'aime beaucoup ce geste, c'est agréable. Mais quand je pars dans mes pensées j'entends le silence de la solitude et j'ai mal. Je n'aime pas avoir mal. Les mots que je pose sur le papier, eux, me font du bien, rien que du bien. Une présence amie qui dit et chante les mots : aujourd'hui je raconte pourquoi je suis sur la terre. Le mystère se révèle, le secret n'est plus caché. La vie, le bonheur, le vent, le soleil, écrire un livre. Un aboutissement. Un nouveau départ. Des années que j'y pense sans en avoir le courage. Des paroles claires et vraies sont une une délivrance. J'en ai besoin pour continuer à vivre. Je passe par l'enfance et voyage jusqu'au futur. Comprendre le passé et reconstruire sur des bases nouvelles. Créer, inventer, ce chemin jusqu'au bonheur d'accéder au sens. Et ce chemin nous mène tous à la vérité. Ailleurs. Là j'arrive à comprendre ce que je fais sur cette planète.
Véronique
|