Les Routes Captives ne sont pas tout à fait un spectacle, pas non plus une performance poétique ; c’est un ensemble d’apparitions poétiques (épiphanies) organisées en triptyque.

D’abord les Routes captives proprement dites. A partir de photos de routes « délaissées » (terme technique désignant les routes abandonnées mais que j’appelle captives lorsqu’elles ne sont plus reliées à la nouvelle route en fonction) se construit un paysage fait de fragments de poèmes en mouvement dans les photos, de musique (Christophe Ruetsch) et de chants. Cette première apparition, traitée de manière archaïque et un peu maladroite, veut donner à voir un creusement dans sa propre matière. A la fois lieu réel, exhumation d’un paysage souvent ignoré, et métaphore du poème dans le monde.

Ensuite La Paire de chaussures rouges trouvée rue Goya à Bordeaux. Cette seconde apparition  d’une simple paire de chaussures rouges trouvée par hasard dans une rue de Bordeaux et qui a déclenché en moi toute une série de textes est venue presque naturellement se placer là, dans cet espace vacant de la route captive, comme la signature (double) d’une présence/absence mais aussi l’espérance d’une remise en « route ».

Cette remise en route, c’est la troisième apparition, celle du stylite sur son champ de lave. Là aussi le monde extérieur nous donne à voir un espace qui se met soudain à entrer en résonance avec le plus intime de nous sans que nous en sachions beaucoup plus. Se quitte là l’écriture poétique en fragments pour une autre écriture de récit, d’un presque conte.

Cette construction a cheminé en moi pendant très longtemps. Mais toujours aussi quelque chose résistait à sa mise en « scène ». Je voudrais que cette résistance ait aussi sa place car elle est le signe d’une écriture qui cherche à être seulement « juste » dans son inscription dans le monde.

Philippe Berthaut

 

 


Alain Baggi, Roland Gigoi et Philippe Berthaut parlent des Routes captives
(reportage TLT- 2')

 
Poésie : Les routes captives de Philippe Berthaut
envoyé par teletoulouse-wizdeo
 

photos du spectacle

lire critique de Gil Presnitzer sur Esprits nomades



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